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Pourquoi la récréation est aussi importante que la classe

L’importance du jeu dans les apprentissages

En 15 ans, le temps de récréation aux Etats-Unis a diminué de 25%. Cela au profit de cours didactiques imposés par la lourdeur des programmes. Un rapport de l’American Academy of Pediatrics (AAP) souligne l’importance du jeu et notamment du jeu libre dans les apprentissages et le développement des enfants.

Le développement des habiletés motrices pendant l’enfance est essentiel pour encourager un mode de vie actif et prévenir l’obésité. Le jeu en plein air permet aussi d’améliorer les compétences d’intégration sociale et sensorielle. D’ailleurs, les pays qui offrent plus de récréation aux enfants observent un plus grand succès scolaire dans les années qui suivent.

La course aux activités pédagogiques

La pression pour la réussite scolaire de plus en plus forte a poussé les institutions et les parents à charger et anticiper les apprentissages académiques. Ainsi, pour beaucoup de parents, la rentrée est synonyme de course contre la montre pour inscrire leurs enfants à de multiples activités extra-scolaires. Dès le plus jeune âge, on cherche l’excellence : des cours de codes, de chinois, ou encore de méditation… en oubliant parfois le temps de jeu, pourtant indispensable aux enfants et tout aussi crucial pour le développement des compétences émotionnelles et sociales.

Car ce sont bien là, les compétences essentielles du XXIe siècle : la collaboration, la résolution de problème et la créativité. Celles-ci ne pourront être développées grâce au système éducatif actuel (pour rappel, mis en place dans le cadre de la révolution industrielle). Notre système scolaire a en effet peu évolué et les parents, qui le peuvent, y pallient en recherchant des activités annexes. Mais ces activités sont parfois contre-productives, notamment si elles privent l’enfant de temps de jeu.

Jouer n’est pas frivole

Jouer ne consiste pas seulement à s’amuser, mais aussi à prendre des risques, à expérimenter de nouvelles choses et à tester ses limites.

Le jeu commence très tôt avec les enfants, lors des premiers sourires, par exemple. Les interactions réciproques et la communication non-verbale, développent plus tard le langage et les compétences sociales. Les jeux répétitifs offrent aux enfants la joie de pouvoir prédire ce qui va se passer (par exemple, en jouant à « caché-coucou » avec ses mains).

Le jeu favorise également le sens du libre-arbitre chez l’enfant et la progression vers l’indépendance. Dans le jeu, les enfants résolvent des problèmes et apprennent à se concentrer, ils stimulent également leur curiosité et leur mémoire.

Le jeu physique est intéressant, il permet aux enfants de prendre des risques dans un environnement relativement sûr. Il encourage le développement de l’empathie, car les enfants sont guidés pour ne pas nuire à autrui.

Enfin, il a été démontré (certes, sur des rats…) que le jeu avait des effets directs et indirects sur la structure et le fonctionnement du cerveau. Il entraîne des changements au niveau moléculaire, cellulaire et comportemental. Les avantages du jeu sont donc nombreux : des améliorations des fonctions exécutives, du langage, du développement social… A l’inverse, la privation de jeu peut entraîner un déficit d’attention, une augmentation du stress et une hyperactivité.

L’Académie Américaine de Pédiatrie recommande même aux médecins de prescrire des « ordonnances de jeu » et soutient ainsi le développement sain des enfants. Voici en infographies, les recommandations des pédiatres aux parents (0-6 mois, 7-12 mois, 1-3 ans, 4-6 ans).

Le rôle de l’adulte

Les parents et tout l’encadrement des enfants (gardes, professeurs, accompagnants) ont aussi un rôle important. Même si le jeu libre reste une formidable manière de développer l’imagination, la créativité et l’exploration du monde ; le jeu guidé est un moyen de construire les apprentissages. On parle alors d’un processus « d’échafaudage » : les adultes fournissent la quantité appropriée de données et conseils pour permettre aux enfants de progresser. Les nouvelles compétences reposent ainsi sur les compétences acquises.

Les activités de jeu permettent aussi de travailler en groupe, notamment au sein d’une classe. Les élèves vont partager, négocier, développer leurs compétences en matière de prise de décision.  Cette logique caractérise également l’approche italienne Reggio Emilia (Cf article précédent sur les pédagogies innovantes) qui souligne l’importance d’enseigner aux enfants à écouter et regarder. Au cours des premières années, il est favorable de cultiver le fonctionnement exécutif du cerveau, plutôt que se concentrer uniquement sur des compétences académiques (comme réciter les lettres de l’alphabet).

Enfin, le jeu ne bénéficie pas qu’aux enfants. Les parents y trouvent aussi un intérêt. Ils réveillent parfois la joie de leur propre enfance et communiquent plus efficacement avec leur enfant. Le jeu est une occasion de dialoguer et d’observer les comportements de nos enfants. Et même si l’on pense ne pas avoir de temps pour jouer, les moments d’apprentissage ludiques sont omniprésents dans notre quotidien…