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Existe-t-il des pédagogies alternatives ?

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L’instruction (et non l’école) est désormais obligatoire dès 3 ans. En effet, les parents doivent désormais obligatoirement soit inscrire leurs enfants en Maternelle, soit justifier d’une instruction à domicile. Ou faut-il les inscrire ? Quelles sont les méthodes pédagogiques ou pédagogies alternatives ? Peut-on choisir une forme d’enseignement plutôt qu’une autre ? Surtout, qu’est-ce que je voudrais, moi, pour mes enfants ?

Il existe beaucoup d’approches et de pédagogies différentes. En voici quelques-unes :

Les écoles dites « Montessori » :

Il s’agit de la pédagogie la plus connue et la plus à la mode. Elle nous vient des travaux de Maria Montessori, médecin italienne, qui dès le début du XXe siècle, proposait de considérer le bébé et l’enfant comme une personne complexe et fragile, dotée de savoirs insoupçonnés. Dans son livre « L’enfant », elle explique pourquoi, en se comportant comme un adulte face à un enfant, on ne voit pas l’évidence et on ne comprend pas les réactions des petits, alors qu’en se mettant à la place de l’enfant, on découvre sa sensibilité et son individualité, on peut ainsi l’aider dans son développement naturel. Ces écoles privées, principalement maternelles et primaires, sont assez répandues, mais peuvent être coûteuses. Les principes généraux sont :

    • Le credo de base : respect et valorisation de l’enfant
    • La mixité : plusieurs tranches d’âge par classe
    • Le matériel : les activités passent par la manipulation et l’auto-correction
    • L’autonomie : libre choix des ateliers
    • L’éducateur : rôle d’accompagnateur, discret et encourageant

La méthode Montessori est à l’origine de beaucoup d’initiatives, dont celle de Céline Alvarez. Mais son nom est aussi galvaudé et exploité sur de nombreux objets dérivés, comme les jouets qui ne sont pas forcément en ligne avec les principes évoqués.

La méthode Freinet :

Moins connue, mais proche de l’approche Montessori, cette pédagogie se veut répondre aux besoins réels des enfants en sortant les apprentissages de la théorie pure pour les ramener à la réalité et donner ainsi un but tangible aux enfants, par exemple écrire un journal ou produire une maquette.

Cette méthode est basée sur l’expression libre des enfants (le dessin libre, les textes libres, la libre découverte…) et la démarche naturelle par tâtonnement expérimental. L’objectif est de ne pas se contenter de reproduire, mais chercher et inventer.

Célestin Freinet, au début du XXe siècle, veut aussi remettre en cause l’autorité absolue de l’enseignant et a l’idée d’éliminer l’estrade de sa classe pour se mettre au niveau des enfants. Chaque élève prépare son plan de travail hebdomadaire et le bilan se fait collectivement.

Freinet avait également compris que l’isolement du professeur était un frein à l’évolution des pratiques éducatives. Il constitue alors un réseau coopératif d’enseignants où chacun peut communiquer ses initiatives, ses réussites et aussi ses difficultés. Ce réseau est à l’origine du mouvement de l’école moderne. Ces enseignants exercent principalement dans le public.

La pédagogie Steiner ou Steiner-Waldorf :

Cette pédagogie se base sur une approche « anthroposophique », courant philosophique et spirituel crée par Rudolf Steiner, qui vise à connaître la nature de l’être humain. Cette approche lui a parfois valu une connotation sectaire et est aujourd’hui encore très controversée. L’idée de base est l’épanouissement de l’enfant avant tout, la transmission des savoirs n’étant pas suffisante. Il existe aujourd’hui une vingtaine d’école en France.

Le cycle démarre par le jardin d’enfants, pour développer des facultés préliminaires. Les apprentissages scolaires ne commencent qu’autour de 7 ans avec les classes primaires où les enfants procèdent par expérimentation, selon le principe « faire pour apprendre ». Ensuite, en secondaire, ils peuvent progresser vers l’abstraction et développer un jugement autonome. L’objectif de cet enseignement est de former de futurs citoyens, ouverts sur le monde. Ces écoles s’astreignent à rejoindre des paliers de convergence avec l’éducation nationale, afin de garantir la mobilité des élèves. A la fin de sa scolarité, l’élève est invité à réaliser un travail individuel sur un sujet de son choix : le « chef d’œuvre ». Il peut être artistique, scientifique, littéraire…, il doit comporter une partie pratique, une étude théorique et une présentation orale.

Les « sudbury school » :

Fondé en 1968 aux Etats-Unis, ce modèle fournit l’environnement nécessaire aux enfants et adolescents pour qu’ils puissent grandir et devenir des adultes. Ici, pas de programme, l’apprentissage est 100% autonome. Les enfants échangent, jouent, débattent, travaillent sur un projet… et de fait, ils apprendront. Aucun cours, aucune activité n’est imposée, seule la curiosité de l’enfant génère ses actions. L’accent est donc porté sur la liberté et responsabilité, la passion, l’autonomie et la confiance. L’organisation de l’école est aussi très démocratique et régie par des conseils d’école et de justice. Les adultes qui encadrent ces écoles se définissent plus comme des facilitateurs. Les enfants, qui ne sont pas divisés en classe d’âge, apprennent les uns des autres.

Ce modèle privé s’est déployé en France sous différents noms : Les écoles démocratiques, L’école à l’envers, ou encore L’école dynamique.

La pédagogie Reggio :

Développée dans les années 60 par l’italien Loris Malaguzzi dans sa ville de Reggio Emilia, cette approche repose sur plusieurs principes mais est aussi en évolution constante. Tout d’abord, les enfants ont une capacité extraordinaire d’apprentissage et une motivation sans faille si on ne les brime pas. Ensuite, la nature et l’environnement ont une place prépondérante et offrent de nombreuses occasions d’apprendre. Ces espaces riches nourrissent l’imagination et la curiosité. Enfin, enfants et adultes coopèrent pour le bien-être de tous. Là encore, l’apprenant est plus un accompagnant qu’un enseignant. Une grande place est faite à l’écoute, au regard sur l’environnement, à la confiance réciproque et bien sûr à la bienveillance. Enfin, selon la pédagogie Reggio, le jeu est reconnu comme l’outil le plus puissant dans l’apprentissage des enfants.

Les Savanturiers ou l’école de la recherche :

Il ne s’agit pas spécifiquement d’écoles, mais d’un programme pédagogique développé par le Centre de Recherches Interdisciplinaires, dirigé par François Taddeï. L’objectif est de développer l’esprit critique de l’élève, l’amener à explorer l’inconnu et travailler en coopération. Cette méthode met en avant l’approche inversée, l’intelligence collective et l’apprentissage par projet en mettant les enfants en situation de recherche. Ils mobilisent pour cela de nombreuses compétences : observation, questionnement, expérimentation… La recherche impose également le respect d’un protocole, une éthique et un esprit d’équipe.

Les projets sont orchestrés par les enseignants, qui changent aussi de posture en devenant « pédagogue-chercheur » et sont accompagnés par des mentors scientifiques. De nombreuses classes ont déjà lancé leurs projets sur le cerveau, le climat, l’ingénierie…

Les savanturiers proposent aussi avec l’Université Sorbonne Paris Cité, différents MOOC de formation via la plateforme Fun-Mooc sur l’éducation par la recherche.

Les écoles innovantes :

Inspirée par la philosophie d’Edgar Morin pour une éducation innovante, ces lycées, principalement, mais aussi quelques écoles du primaire et collège, proposent des méthodes pédagogiques différentes. Les lycées luttent en priorité contre le décrochage scolaire et les inégalités sociales. La FESPI défend et promeut les établissements scolaires publiques et innovants et les recense en France.

Cinq de ces établissements ont été filmés dans un documentaire sorti en 2017 « Enseignez à vivre ! ». Parmi eux, nous pouvons citer :

  • L’école Decroly de Saint Mandé, qui repose sur 4 fondements : la globalisation (l’enfant perçoit le monde comme un tout), les intérêts de l’enfant (guide de l’éducation), la classe-laboratoire et l’importance de l’environnement naturel qui mettent l’enfant en situation de recherche. Le rôle des parents est également très important, ils disposent d’un libre accès à l’école, participent à la vie de l’école au sein d’une association et peuvent intégrer ou animer certains ateliers.
  • Le Pôle Innovant Lycéen, qui accueille des élèves “décrocheurs” à partir de 16 ans pour travailler autour de la construction de leur projet personnel. Il intègre également une « recyclerie », atelier où les étudiants apprennent à réparer, restaurer, retaper dans une démarche éco-citoyenne et solidaire.

Les autres initiatives à l’école :

Il existe de nombreuses expérimentations dans l’éducation nationale, par exemple la pédagogie TouKouleur, développée par Patrick Saoula à Cagnes sur Mer (en lice pour le concours du meilleur prof du monde en 2018), propose une salle ouverte promouvant la créativité et la diversité. Les élèves apportent leurs compétences propres, artistiques ou culturelles, et mettent en place des projets de leur choix, par exemple, réaliser un journal TV, une fresque, un sondage… Avec l’aide de l’encadrement, ils doivent trouver les moyens de passer de l’idée à l’action.

De toutes ces initiatives, il ressort 2 éléments clés pour faire évoluer les pédagogies : la pluridisciplinarité des enseignants et le travail d’équipe au sein d’une école.

pédagogies alternatives Une idée folleUn film très beau m’a ouvert les yeux sur la multitude d’initiatives de professeurs inspirants et il vous donnera peut-être une idée sur votre conception pour l’éducation de vos enfants : Une idée Folle, de Judith Grumbach. Ce film a été commandité par l’association Ashoka qui promeut, entre autres, l’entrepreneuriat social et l’apprentissage de compétence d’acteurs de changement. L’association recense 13 écoles pionnières, publiques et privées, les « Changemaker schools » pour transformer l’expérience éducative et cultiver des compétences d’acteurs de changement chez les plus jeunes.

 

L’instruction en famille (IEF) :

Nouvelle tendance venue des pays anglo-saxons, notamment les Etats-Unis, l’instruction en famille (ou Homeschooling aux USA) regroupe de plus en plus d’adeptes (environ 25000 enfants en France). Les motivations sont diverses, mais souvent fondées par l’envie de suivre le rythme de l’enfant, de développer sa curiosité par l’expérience et partager un projet familial. C’est en majorité la mère qui se charge de l’instruction, les programmes sont suivis et surveillés (car un inspecteur passe dans les familles pour contrôler l’instruction) mais les méthodes pédagogiques sont libres. La pratique étant de plus en plus répandue, les familles se regroupent en réseaux et associations et partagent volontiers leurs expériences sur les médias sociaux.

Un projet de loi, visant à interdire l’instruction en famille sauf pour raison médicale, soulève de nombreuses oppositions parmi les familles qui ont fait le choix de la libre instruction.

Je vous laisse méditer sur toutes ces initiatives, elles peuvent aussi nous inspirer pour la maison. Les jeux sont déjà souvent utilisés à l’école, pour manipuler, expérimenter, découvrir… Ils restent un formidable outil à la maison pour visualiser des concepts, comprendre les interactions ou encore s’entraîner.