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Neurosciences & apprentissages

Les neurosciences dans les apprentissages

« Les sciences cognitives sont aujourd’hui à l’éducation, ce que la biologie est à la médecine depuis des décennies », Thierry de Vulpillières.

Je ne suis pas scientifique, mais comme de nombreuses mamans, ce domaine me passionne. La recherche en neurosciences est assez récente, mais progresse très vite, notamment grâce aux technologies d’imageries cérébrales (IRM). Nous en savons désormais beaucoup sur le fonctionnement de notre cerveau. Mais cette science est encore très peu appliquée à notre quotidien, à l’éducation et aux apprentissages.

Il est aujourd’hui clairement démontré que notre cerveau, a fortiori celui de nos enfants, est plastique. Cette plasticité cérébrale nous permet, à toutes les étapes de notre vie de créer de nouvelles connexions et pour les enfants, elle permet le développement des fonctions exécutives (agir de façon organisée pour atteindre un objectif).

Les sciences cognitives dans l’éducation

Neurosciences apprentissagesCette discipline est à l’honneur depuis la création du Comité Scientifique de l’éducation par Jean-Michel Blanquer en Janvier 2018, présidé par Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France. Les sciences cognitives, bien représentées dans ce comité, sont complétées par des philosophes, des économistes, des sociologues, des chercheurs en sciences de l’éducation… Pour découvrir le champ d’action de ce comité, écouter l’intervention de Stanislas Dehaene sur France Inter en Janvier dernier.

En outre, Stanislas Dehaene met en avant les fondements cognitifs dans les apprentissages scolaires.

Les 4 piliers de l’apprentissages selon lui sont :

  • L’attention:  qui permet le filtrage des informations et la concentration. Cette video très connue illustre parfaitement ce tri qu’effectue notre cerveau. L’enjeu pour l’éducateur est donc de bien orienter l’attention.
  • L’engagement actif: on n’apprend pas dans la passivité, l’enfant doit pouvoir vivre et expérimenter ses apprentissages par lui-même.
  • Le retour d’information: phase cruciale, elle démontre à quel point l’erreur est indispensable, car elle permet d’envoyer un signal de correction au cerveau et donc l’amélioration des prochaines itérations.
  • La consolidation: petit à petit, l’effort devient moins conscient, le cerveau automatise et libère des ressources pour de nouveaux apprentissages.

Ces fondements ne sont aujourd’hui que très peu diffusés auprès des futurs professeurs des écoles, même si nombre d’entre eux utilisent ces principes sans le savoir. Un des rôles du Comité scientifique de l’éducation est justement que les enseignants aient un bagage scientifique minimum sur la connaissance du cerveau et des apprentissages. Par exemple : qu’est-ce qui fait qu’un enfant mémorise une information ?

Stanislas Dehaene a également collaboré avec Céline Alvarez lors de l’expérience de la maternelle de Gennevilliers en 2011. Cette expérience, menée au sein de l’éducation nationale, inspirée des travaux de Maria Montessori, mais enrichie des nombreuses découvertes en neurosciences, a été interrompue en 2014, malgré des résultats impressionnants. Céline Alvarez, après avoir écrit un livre « les lois naturelles de l’enfant », aux éditions les Arènes, poursuit ses conférences en France et l’étranger pour partager son expérience de Gennevilliers. Elle se refuse à utiliser le mot de « méthode », mais plutôt un état d’esprit, une attitude pour développer les fonctions exécutives des enfants tout en respectant leurs natures. Elle est aussi l’auteur d’un second livre “Une année pour tout changer” qui  retrace son expérience en Belgique.

L’impact de l’environnement

Neurosciences le cerveau des enfantsUn film m’a également fait réaliser l’impact de notre propre éducation et de notre culture sur notre manière d’être. « Le cerveau des enfants», de Stéphanie Brillant explique très bien quelques-unes de nos réactions.

Par exemple, trop dire à un enfant qu’il est intelligent peut nuire à sa capacité à faire face aux difficultés. Habitué aux louanges, il aura parfois peur de l’échec et préférera renoncer. Bien sûr, féliciter et valoriser son enfant reste indispensable, mais attention aux excès de fierté.

Il y a des cultures qui favorisent plus “l’état évolutif”, l’échec et la recherche de solution. La France est encore marquée dans un “état figé”, l’erreur est sanctionnée par la mauvaise note et n’encourage pas assez les remises en question.

Enfin, vivre une expérience permet de l’apprendre durablement. L’extrait « Pour apprendre, il faut faire » l’explique parfaitement. Par exemple, un enfant dyslexique ne peut pas apprendre les maths avec des consignes écrites, il faut mettre en expérience les démonstrations.

A écouter : l’intervention de Catherine Guéguen, Olivier Houdé et Stéphanie Brillant sur France Inter.

Et les jeux dans tout ça ?

Neurosciences jeux cognitifsLes jeux sont un support idéal pour l’apprentissage des fonctions exécutives. Ils participent notamment aux sens des nombres inné que les enfants ont avant d’apprendre à compter.

Plusieurs initiatives vont donc dans ce sens pour démontrer l’impact des jeux sur le cerveau. La plus récente est celle de la société Asmodee, leader du jeu de société en France, qui vient de créer une nouvelle entité : Asmodee Research. Celle-ci vise à soutenir la recherche scientifique autour du jeu et de ses effets, mettre en évidence les bienfaits du jeu et valoriser tout le secteur.

Le 15 juin 2018, la première conférence « Game In Lab » a officiellement lancé cette entité. Cette conférence regroupe des chercheurs et scientifiques de différentes spécialités : anthropologie, sociologie, science de l’éducation, histoire…

Enfin, on envisage le jeu autrement qu’en loisir enfantin sans intérêt ou addiction pour adultes dépendants.

« Nous sommes convaincus que le jeu de société, outre son caractère ludique, peut jouer un véritable rôle dans notre société, qu’il soit éducatif, social ou à visée clinique. C’est pourquoi nous avons mené cette réflexion dont l’objectif est de mettre en contact et soutenir financièrement des professionnels du jeu, de l’enseignement, de la recherche et tout autre expert convaincus que le jeu est bien plus qu’un loisir ludique. », Stéphane Carville, président d’Asmodee

Quelques enseignements de cette journée (je vous passe les débats sur la définition du jeu…) tirés des exemples d’études ou de programmes en cours :

  • Ne pas dire à son un enfant : tu vas apprendre quelque chose avec ce jeu : il joue pour s’amuser et les apprentissages sont sous-jacents.
  • Ne pas oublier la séance de débriefing, c’est en analysant ce qu’il s’est passé que l’on formalise les apprentissages.
  • Un exemple de jeu virtuel pour apprendre la sécurité aux enfants, commandité par la MAIF et réalisé par la maison d’édition volumique : Riskou
  • Le jeu sérieux n’est que le détournement d’une activité de jeu dans un contexte utilitaire.
  • Le jeu mobilise les fonctions mentales à leur maximum car le joueur est très motivé.
  • Le jeu aide à atteindre un état de « flow », c’est-à-dire de bonnes conditions pour produire le meilleur.
  • Les jeux sont aussi très utiles en neuropsychiatrie. Par exemple, les « exergames », jeux virtuels interactifs, permettent aux malades de Parkinson et d’Alzheimer de travailler leurs fonctions cognitives (mémoire, motricité, équilibre…)